SOURDINE. Fonctions du journalisme dans la revue "Hermès"

Publié le par Laurent Kaczmarek

MEDIAS, JOURNALISME

 

L'ouvrage, qui s'intitule simplement Le journalisme (CNRS Editions, coll. Les Essentiels d'Hermès, 2009, 146 p.), rassemble des textes publiés dans la très sérieuse revue Hermès consacrée aux médias au cours des années 1990-2000.

 

Arnaud Mercier énonce que "compte tenu du rôle éminent que jouent les médias dans les développements contemporains de l'espace public, les journalistes ne peuvent opérer sans s'abstraire de l'esprit de responsabilité et sans se soumettre à la critique, savante comme populaire" (p. 8). Un des problèmes vient de l'essor des professionnels de la communication (politique et économique) qui, en délivrant des informations "clés en mains", abolissent la frontière entre journalisme et propagande (p. 12). "De nombreuses manipulations sont alors susceptibles de voir le jour, faisant passer pour des événements des artefacts fabriqués spécialement pour répondre aux logiques médiatiques. Ce que les journalistes traitent comme des événements, ne sont alors que des pseudo événements". La presse se fait dicter un agenda (article de Jean Charron). 

 

Pour Dominque Wolton, aujourd'hui, informer et communiquer renvoient à deux logiques différentes (p. 46).

 

La profession de journaliste est sensible aux modes, à un  "air du temps entretenu par la concurrence médiatique" (p. 22). Compte tenu de la rapidité de l'information, " les journalistes  doivent absolument compléter leur travail en faisant appel aux autres professions : universitaires, spécialistes, experts, qui peuvent compléter la logique de l'information par celle de la connaissance" ; ils "doivent rendre compréhensibles les événements d'un monde compliqué et instable" (p. 47).

 

De plus, l'internet "sonne le gals de l'unicité des sources d'information" et "remet en cause profondément la linéarité de la lecture", au profit d'un butinage (p. 25). La visite d'un site n'est qu'une étape dans la construction de son information par le destinataire.

 

L'information était une valeur politique, elle est devenue une valeur économique (p. 49). Il faut désormais distinguer l'information produite par les acteurs de la presse des autres informations disponible (p. 51). "Plus il y a de professionnels de l'information, plus il faut spécifier le métier de journaliste qui, à partir des événemets, construit des informations à destination du public le plus large possible." (p. 56). Il lui faut privilégier l'éthique, l'honnêteté. Il remplit une fonction de médiateur.

 

L'article de Christine Leteinturier montre l'hétérogénéité de la profession, le passage par une école agréée étant un facilitateur de carrière. Celui de Jean-Marie Charron évoque le journalisme d'investigation. Celui de Patrick Champagne démontre "l'histoire sans fin d'une autonomie toujours à reconquérir parce que toujours menacée" (p. 133).

 

Philippe Riutort donne également un article critique sur le journalisme économique : "l'information pertinente devient celle qui s'accord d'autant mieux avec les priorités des décideurs et des actionnaires, qu'avec celle des consommateurs ou des salariés ; corrélativement l'économique et le social deviennent deux domaines distincts et strictement hiérarchisés".

 

En résumé, un bel ouvrage sur les enjeux contemporains du journalisme.

 

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